Enska avait quitté son lit de bonne heure, ce matin-là. Elle avait désiré se rendre à la bibliothèque à l'heure d'ouverture pour finir d'urgence un devoir qu'elle n'avait que trop fait traîner. Une fois ses trois parchemins de dissertation totalement secs, elle les avait roulés et fourgués dans son sac, prête à oublier l'existence des devoirs et des cours pour le reste du weekend. L'esprit libéré, elle avait dévalé les escaliers menant à la Grande Salle, son estomac grondait et elle aurait été capable de dévorer un hippogriffe. Elle avait constaté avec un grand plaisir que la Grande Salle était presque déserte ; en effet, l'heure était déjà bien avancée dans la matinée et la plupart des élèves vaquait déjà à d'autres occupations. Avec plus de flair qu'un chien de chasse, Ave avait su la retrouver à table, puis avait grimpé sur ses genoux et quémandé gratouilles et bacon.
Repue jusqu'au soir, une bretelle de son sac jetée sur son épaule, Enska avait quitta la Grande Salle en chantonnant, Ave ouvrant la marche, sa queue touffue fièrement dressée. Enska avait prévu de passer la journée à paresser dans le parc en variant lecture et essais de sortilèges. Peut-être que Nebuula l'accompagnerait, songea-t-elle, cela lui plairait. Rejetant des mèches de cheveux qui lui cachaient le visage, elle descendit les escaliers qui conduisaient aux sous-sols. Elle se figea en entendant hurler dans le couloir, en bas.

- Bubulle? s'interrogea-t-elle à voix basse, les sourcils froncés.

Elle se mit à courir et se freina d'un coup quand elle vit son amie par terre. Ses chaussures semblaient vouloir s'échapper, ses cheveux vivaient leur propre vie et ses vêtements avaient l'air d'avoir été taillés par des couturiers saouls. Enska se rapprocha alors que son amie se relevait avec le plus grand mal en beuglant son nom. L'islandaise rentra le menton en prenant l'air d'un hibou choqué.

- Nebullette? Qu'est-ce que tu fiches? T'as abusé de la Bièraubeurre avec Liam à Pré-au-Lard? Mais elle se rendit compte qu'il était trop tôt pour que la rouquine se soit déjà rendue au village.

Enska prit le visage de son amie entre ses longues mains pâles et examina sa blessure, puis hocha la tête d'un air réprobateur en faisant claquer sa langue.

- C'est rien, heureusement. Mais qu'est-ce qui t'est passé par la tête? T'as voulu savoir si t'étais plus forte que la pierre? se moqua-t-elle gentiment.

Le sourire qui fendait ses propres lèvres signifia à Enska que quelque chose clochait, chez son amie. Un trop grand contraste venait de se faire entre elles deux. Les yeux de Nebuula étaient rougis et des traces de larmes séchées striaient ses joues. Enska mit ses yeux à la même hauteur que ceux de son amie, resserrant la prise de ses mains sur son visage constellé de taches de rousseur.

- Nebuula? Qu'est-ce qui ne va? demanda-t-elle, l'air alarmé.

-Enska ! Oh Enska je t'ai cherchée partout !

Nebuula apprécia le contact physique avec son amie, car c'était quelque chose de rare et de précieux. L'inquiétude dans les yeux de son amie la rassura. Elle comptait pour elle, et elle voulait vraiment savoir ce qu'il se passait. Son stupide rire nerveux cessa aussitôt, mais ses pensées étaient complètement emmêlées,  à l'image de ses cheveux.

-Oh Enska, je lui ai dit ! Je lui ai dit !! Comment j'ai fais pour ne pas m'en rendre compte avant ?! Tu le savais, toi ?! Je crois qu'il a insinué que lui aussi mais je ne suis pas sûre... Mais comment il peut coucher avec cette fille ?! Une Poufsouffle en plus !!! Et après on s'étonne pourquoi je les aimes pas.

Elle n'avait même pas encore reprit son souffle, mais elle était épuisée et très certainement au bord de la crise de nerfs. Ses mains tremblaient.

-Enska, je l'aime et je le déteste. A ces mots, elle se mit à pleurer. Je ne sais plus quoi faire. Dis moi quoi faire.

Ce n'était pas la première fois qu'elle s'en remettait à son amie pour remettre de l'ordre dans le bordel qu'était sa vie. Mais là, c'était carrément énorme. Elle se mordit la lèvre inférieure et inspira profondément. Une fois. Deux fois. Trois fois. Les larmes cessèrent. Il n'y avait qu'avec Enska qu'elle arrivait si bien à se contrôler.

-Je crois que je vais devoir recommencer mon histoire... Je suis désolée.

Nebuula s'adossa contre le mur, poussa un soupire et se lança.

-Il y a une fille de Serdaigle qui est venu me voir pour me dire que Liam et cette Meredith, tu sais, celle que je n'aime pas, de Poufsouffle, elle leva les yeux au ciel, avaient fait des cochonneries dans les toilettes abandonnées. Les larmes revinrent. Ca m'a mise dans un tel état, je n'ai pas tout compris, mais j'étais anéantie. Je suis anéantie. Bubulle occulta volontairement ses échanges avec Bill. Je me suis rendue compte que je suis amoureuse de lui.

Elle fixa alors son amie, se demandant comment elle allait réagir face à ça.

Enska parvint à tirer quelques mots du baragouinage de son amie, tels que  "lui ai dit", "lui aussi", "coucher", "Poufsouffle". Mais qu'est-ce qu'elle me raconte? Elle a reçu un sortilège de confusion ou quoi? Elle ne la suivait pas. Et quand Nebuula se mit à pleurer en disant aimer et détester quelqu'un, Enska eut envie de la secouer, de lui hurler de réfléchir avant d'ouvrir la bouche parce que ce qu'elle déblatérait n'avait aucun sens.

- Tu vas reprendre ton calme, déjà. Je comprends rien à ce que tu racontes. Oui, voilà, approuva-t-elle en voyant son amie inspirer et expirer régulièrement, comme ça. Très bien.

Enska fut soulagée de voir les yeux de Nebuula s'assécher. Elle n'aimait pas voir son amie dans cet état : elle ne supportait pas qu'elle fût triste et, surtout, cela plongeait la blonde dans un malaise profond. Les larmes rendent vulnérables ! se répétait-elle inlassablement.
D'un hochement de tête, elle donna son accord à la rouquine afin qu'elle recommence son récit depuis le début. Clairement, pitié. Et tout comme Nebuula, Enska s'adossa contre le mur pour écouter.

Quand Nebuula se tut, Enska, à coups réguliers, se tapait la tête contre le mur, le regard vide et désespéré, la bouche de travers. Elle s'obligea pourtant à tourner la tête.

- Vous êtes de beaux abrutis, tous les deux, déclara-t-elle sans chercher à ménager son amie. Autant Nielsen m'insupporte, autant je n'ai jamais pu douter de son affection pour toi. Bubulle, si tu lui as avoué... ça, il ne pourra pas y rester indifférent.

Enska se forçait à raisonner comme si elle était en mesure de comprendre les sentiments amoureux, mais elle en éprouva la plus grande difficulté. Et on ose encore me demander pourquoi je ne m'intéresse à personne...Elle poussa un soupir exaspéré et reprit.

- Neb, Kúla... Ces rumeurs ne sont pas parvenues à mes oreilles. Tu as sûrement encore extrapolé, exagéré et réagi de façon excessive à des on-dit.

Elle leva les yeux au ciel ; sa meilleure amie n'avait pas toujours su analyser une situation avant de prendre position. Enska ne sut pas quoi ajouter et se tut, laissant un silence gêné s'installer entre elles. Elles étaient meilleures amies, mais Enska avait toujours été une bien piètre confidente. Manquerait plus qu'elle cherche à ce que je la pousse dans les bras de cet idiot... Une fois de plus, elle roula des yeux.

Nebuula hocha la tête avec ferveur lorsqu'elle les traita d'abrutis, elle et Liam. Sur ce coup-là, elle était entièrement d'accord. Par contre, pour le fait de rester indifférent... Ca, elle n'en était pas très sûre. Après tout, il avait maintenant une fille prête à assouvir toutes ses pulsions, alors qu'elle... elle... n'en était pas à ce stade là. Elle s'était mit à passer ses doigts dans les cheveux pour essayer de les rendre un peu plus normaux et ne plus avoir autant l'air d'une folle, même si ses yeux écarquillés et aux pupilles dilatées disaient le contraire.

Néanmoins, quand sa meilleure amie se mit a douter de ses propos, elle se mit à dire non de la tête, frénétiquement, sans s'arrêter. Les larmes la menaçaient une fois de plus et elle se demanda comment elle pouvait encore avoir quelque chose à pleurer, d'autant plus qu'elle avait horriblement soif.

-Enska, dit-elle, cessant enfin de gesticuler de la tête, il me l'a confirmé. Je ne peux pas être plus sûre. Si tu savais comme j'ai envie de la démolir...

Nebuula prit une grande inspiration, ce qu'elle allait dire n'était pas facile et encore trop frais dans son esprit.

-Je viens de me disputer avec lui. Enfin, si on peu appeler ça se disputer... C'était pire que tout. On était dans une salle de classe abandonnée, je l'ai mis devant le fait accompli, et, vraiment, j'ai essayé de lui cacher mes sentiments. Je lui ai dit que j'aurai aimé ne pas être la dernière du château à être au courant... Et puis il a bien confirmé ce qu'il se passait entre eux... Pire, en fait, il n'a pas nié. Je lui ait hurlé dessus.

La rouquine avait les yeux dans le vide, revivant chaque instant douloureux de cette dispute.

-Et puis il a explosé aussi vivement qu'une beuglante. Moi, par contre, j'en avais la couleur. On s'est crié dessus, je pense qu'on devait avoir l'air de deux abrutis à bout de souffle. Et il m'a tellement poussée à bout, tellement provoquée que... Enska, je lui ait foncé dessus, on est tombés et j'ai commencé à le frapper.

Elle fixa ses doigts meurtris, dont un index qui commençait enfin à cesser de saigner.

-J'ai fini par lui dire que je l'aimait avec une force que je ne soupçonne pas, et que je le veux tout à moi. Et je suis partie te rejoindre.

Nebuula ferma les yeux, attendant la réaction d'Enska.

Enska tenta en vain de cacher l'énorme sourire qui venait découvrir ses dents quand Nebuula lui raconta s'être mise à hurler Liam. La Serpentard ne s'était jamais accommodée à la compagnie du Serdaigle que Nebuula lui imposait bien trop souvent à son goût. Elle le trouvait bruyant, excessivement ennuyeux et bien trop proche de sa propre meilleure amie. Lorsqu'elle était en présence de Liam, Enska était toujours prise de crises de soupirs exaspérés, comment Nebuula pouvait-elle le trouver intéressant? Et pire, l'aimer? Enska secouait la tête alors que Nebuula continuait son récit et, avant même de s'en rendre compte, elle émit un grognement semblable à celui d'une hyène quand elle visualisa la rouquine faire tomber Liam et le cingler de ses petits poings. Aussitôt, elle se cacha la bouche de la main et écarquilla les yeux, navrée d'avoir réagi ainsi à l'épisode le plus dramatique (apparemment) de la vie de son amie.

- Hum... désolée, dit-elle la voix étouffée par sa main.

Enska se donna un court instant pour réfléchir. Que pouvait-elle bien ajouter à cela? Elle n'était pas dans la tête de cet abruti. Heureusement, d'ailleurs...

- Tu as bien fait de venir me trouver, approuva-t-elle, je crois que vous n'auriez rien gagné à continuer. Ça va, tes mains, d'ailleurs?

Elle prit délicatement les mains de Nebuula dans les siennes et les examina attentivement en les caressant légèrement de ses pouces.

- Hm, tu devrais t'en remettre, je pense... conclut-elle avant de se rendre compte que, non, elle ne s'en tirerait certainement pas sans séquelles. NebNeb, je ne sais pas quoi te dire, tu t'en doutes... Je vous ai toujours trouvés très, trop, pour être honnête, proches. Et la façon dont il te regarde m'a souvent parue étrange. Laisse-toi le temps de te calmer, tu verras ce qui suivra... mais ça m'étonnerait fortement qu'il te laisse tomber comme une vieille chaussette, mon petit coquelicot. Nom d'un dragon... Euh, excuse, c'était vraiment naze comme surnom.

Enska espérait dérider son amie grâce à sa tentative plus que bancale de se montrer tendre avec elle.

- Et s'il ne cherche pas à t'épouse avec une telle déclaration... je lui ferai manger de la bouse de troll jusqu'à ce que mort s'en suive, promis. Elle lui fit un grand sourire et ses yeux pétillaient dans l'espoir qu'elle lui donne son accord.

Nebuula n'était pas étonnée de la réaction d'Enska, elle n'avait jamais pu vraiment supporter son meilleur ami, mais elle ne s'en était jamais inquiété. C'était un fait, point. A partir de là, la rouquine s'en était parfaitement accoutumée. Si bien qu'en voyant le sourire de la Serpentard, elle lui offrit en retour un pâle sourire. C'était évident que pour elle, ce qu'elle lui racontait ne pouvait être que drôle. Bubulle dut même réprimer le fou rire nerveux qui la poursuivait depuis quelques temps.

Quand Enska saisit ses mains, tout en les lui caressant, Nebuula ferma les yeux, appréciant ce contact. Elles étaient gonflées, un peu éraflées, mais ça irait.

-Oui, je pense que ça va aller, je vais éviter de tenir trop longtemps une plume...

Bubulle arqua un sourcil, ne comprenant pas pas où Enska voulait en venir, quand elle disait qu'elle les avait toujours trouvés trop proches. Mais elle ne pu s'empêcher de sourire quand son amie la qualifia de coquelicot.

-Je... je n'arrive pas à te suivre, qu'est-ce que tu veux dire ? J'ai toujours été amie avec lui, rien de plus... Je n'ai vraiment aucune idée de ce qu'il va se passer, c'est atroce. Imagine il ne m'adresse plus la parole ? Parce que j'ai été trop infecte ? Parce que je l'ai frappé ? Et si j'avais mis à mal sa virilité ?

Quand la Serpentard parla de demande en mariage, Nebuula se mit à rougir aussi fort qu'un... coquelicot.

-Je te donne toutes les autorisations nécessaires, je crois même que je te fournirai la bouse de troll, et un alibi !

Cette fois-ci, un vrai sourire apparut sur son visage, et sans y réfléchir elle se jeta dans les bras de l'islandaise. Bubulle inspira vivement, laissant son odeur emplir ses narines. Enska n'était pas vraiment du genre à aimer les contacts physiques, mais elle savait aussi qu'elle avait un avantage majeur face aux autres : elle, elle l'aimait.

Enska regardait son amie droit dans les yeux quand elle s'était mise à piquer un fard. C'est fou ce que ça fait ressortir le vert de ses iris, avait-elle songé, amusée. Et, quand Nebuula s'était mise à sourire franchement, Enska put enfin se détendre : la crise était passée. Était-ce grâce à elle? Peu importait, pourvu qu'elle soit terminée.

Aussitôt qu'elle fut soulagée, Enska se retrouva coincée entre son amie, transformée en monstre à câlins, et le mur froid, un peu abasourdie par un telle effusion. Machinalement, elle se mit à tapoter le dos de son amie du plat de la main ; les démonstrations d'affection étaient loin d'être son point fort, mais heureusement, Nebuula le savait. Doucement, elle écarta la rouquine d'elle en lui maintenant les épaules.

- Mettre à mal sa virilité? Non mais tu t'entends, Nebu? Elle ne pouvait s'empêcher de rire. Le jour où Liam Nielsen cessera de se prendre pour le mâle alpha de l'école, je crois que les Botrucs auront des ailes...

Enska soupira encore une fois en pensant à ce géant abruti devant qui, et elle n'arrivait pas à se l'expliquer, de nombreuses filles tombaient en pâmoison.

- Et je note pour l'alibi ! Elle lui fit un clin d'oeil. Mais plus sérieusement, qu'est-ce que tu comptes faire, maintenant? J'ai bien peur que, vu ce que tu m'as raconté, il n'ose plus t'approcher, tu lui as bien fait comprendre qu'il ne devrait pas s'y risquer, non? Je redoute quand même que tes craintes ne soient fondées... Vas-tu attendre qu'il tente de te contacter?

Enska espérait, sans trop de conviction toutefois, que son amie laisserait définitivement tomber l'idée de fréquenter Liam. Mais elle savait qu'elle ne devait pas y compter, et elle craignait la façon dont laquelle Nebuula chercherait à reprendre le contact avec lui... un petit côté Serpentard en elle lui faisait parfois avoir des idées retorses... Et on va encore t'accuser de lui avoir transmis ça !

Bubulle eu envie de rire en sentant le corps de son amie se raidir à l'extrême. Elle se demandait souvent d'où pouvait provenir cette gêne, qui lui semblait étrange, surtout à elle qui était capable de faire des câlins à des gens qu'elle trouvait simplement sympathique. Quand elle senti les mains de son amie sur ses épaules, elle recula sans hésiter, sachant très bien que cela signifiait qu'elle avait eu son compte.

Nebuula fronça tout de même les sourcils en l'entendant insinuer que Liam se comportait comme un mâle alpha, non pas parce que ça la mettait en colère, mais parce qu'elle ne voyait pas où elle voulait en venir. Avait-elle été si aveugle ? Lam avait-il vraiment passé sa scolarité à chercher des filles pour ... hm... faire ce qu'il voulait ? Bulle se trouva particulièrement abrutie. La solution pour l'avoir avait été devant ses yeux pendant toutes ses années. Elle ne savait pas avec qui il... pour la toute première fois, et elle ne tenait pas à le savoir, mais il était fort probable que le regard de Liam avait changé, depuis. Les nombreux rouages du cerveau de Nebuula se mirent en route et bien vite, l'idée germa, puis s'accrocha définitivement dans sa petite tête rousse.

-Oui, je pense que j'ai du lui hurler une fois ou deux de ne pas m'approcher... Mais, Enska, j'ai eu une idée !! Je suis sûre et certaine que s'il ne veut pas de moi, c'est parce que je n'ai... enfin... je n'ai jamais... tu vois quoi. Je suis sûre qu'il ne veut pas d'une fille comme ça, en fait, je ne vois même pas d'autre explication, c'est même sûrement ça qui l'a retenu tout ce temps ! Enska, il faut que je trouve quelqu'un qui voudra bien le faire avec moi, après, j'aurai Liam pour moi ! Tu crois que ça va être dur ?

Le délire de Nebuula avait éclot comme une fleur au printemps, et maintenant il était trop tard pour faire marche arrière. Ses yeux brillaient déjà, sans même se rendre compte du degré d'absurdité de ce qu'elle venait de dire.

Les pupilles de Nebuula s'élargirent soudainement alors qu'elle s'apprêtait à parler, et Enska songea qu'elle avait eu raison de s'attendre au pire. Sans rien dire, elle écouta son amie déblatérer des idioties pires que tout ce qu'elle avait pu imaginer et elle agrippa encore plus fort les épaules de la rouquine.

- Je crois que tu es fatiguée, Nebuu, dit-elle doucement. Je vais te raccompagner jusqu'à ton lit, d'accord?

Enska passa un bras autour des épaules de Nebuula et, avant même d'avoir obtenu un accord de sa part, se mit en route en direction de la tour des Gryffondor. Son amie était en plein délire, proche de l'hystérie, mais elle n'arrivait pas à lui en vouloir : le responsable était Nielsen. Lui, et ses conquêtes. Lui qui avait réussi à détruire l'amour-propre de Nebuula sans s'en rendre compte. Et il était hors de question pour Enska qu'elle ne soit là que pour ramasser les miettes ; elle devait agir et lui, parvenir à se racheter, parvenir à faire entendre à cette sotte qu'elle était la femme exceptionnelle qu'il aimait. Car oui, Enska n'en doutait pas, il l'aimait et cela se voyait comme le nez au milieu de la figure, mais seuls ces deux imbéciles n'avaient pas réussi à s'en apercevoir.
Enska se perdit dans ses pensées, tandis qu'elle menait sa meilleure amie dans les escaliers. Qu'est-ce que je pourrais bien faire? Elle était prête à tout pour Nebuula, même si cela exigerait d'elle de supporter, encore plus qu'auparavant, la présence de ce balourd de Serdaigle.