Si tu devais affronter un Détraqueur
J’espère que cela n’arrivera pas, malgré ceux que le Ministère nous a forcés à poster tout autour de l’école. J’ai déjà pu visiter Azkaban, et je n’en garde qu’un très vague souvenir tourmenté par le froid, des pleurs et des cris, sans savoir s’ils sont le fruit de mon imagination ou du désespoir des hommes et des femmes enfermés là-bas. Ce sont des créatures effrayantes, nées de la Magie la plus noire et je ne peux comprendre l’attrait qu’elles ont pu exercer – et exercent toujours – auprès du Ministère. Contenir les citoyens par la terreur… dans quel monde vivons-nous ? Valons-nous alors mieux que les mages noirs ?
Si les agissements de l’un de ces monstres requéraient mon attention, je parviendrais sans difficulté à invoquer un Patronus corporel, qui prendrait alors l’apparence d’un chat. Je maîtrise ce sortilège depuis mon plus jeune âge et je suis en mesure de faire apparaître jusqu’à trois entités physiques pour distribuer des messages.
Depuis que le Seigneur des Ténèbres est de retour, il ne nous suffit plus que d’attendre le moment où ces monstres seront libérés et quitteront à nouveau Azkaban, comme elles l’ont fait jadis. Les instructions du Directeur ont été on ne peut plus claires : vigilance constante, surveillance accrue et tolérance zéro. Les élèves seront malheureusement brimés pour leur propre salut.
Si tu devais rencontrer un Épouvantard
Je pense que tout sorcier ayant déjà vécu plus de vingt ans peut se vanter d’avoir rencontré et, je l’espère pour lui, terrassé un Épouvantard. Je me souviens qu’à l’époque où l’on m’a enseigné le sort
Riddikulus, mes camarades doutaient de ma capacité à le maîtriser, me reprochant ma droiture d’esprit et un apparent manque d’humour. C’est pourquoi, lorsque la créature s’est transformée, devant mes yeux, en une copie conforme de mon père, hormis le regard de dégoût qu’il m’adressait, je réussis à surprendre tout l’audience. Mon père me reniant se changea en un énorme ours en peluche sur le pull en tricot duquel était inscrit « I ♥ You », bien plus ressemblant à l’original. Cette épreuve, pourtant terrifiante quand on la vit pour la première fois, me permit alors de démontrer à tous que, malgré mon aspect guindé, j’étais capable d’auto-dérision.
Cette anecdote me semble lointaine, désormais, et mes craintes se sont modifiées, depuis. Mais je ne pense pas qu’un Épouvantard saurait refléter ma plus grande crainte ; celle de voir notre société sombrer dans l’obscurité. Cela fait des années que je n’ai pas eu affaire à l’un de ces non-êtres, peut-être prendrait-il aujourd’hui le visage du Seigneur des Ténèbres lui-même…
Si tu étais devant le Miroir du Risèd
J’ai assisté le professeur Dumbledore, le jour où il a voulu le sortir de la Salle sur Demande afin de protéger la Pierre Philosophale. Je l’ai observé alors qu’il se mirait dedans, captivé par ce qu’il y voyait. Lorsque je lui ai demandé ce qui se montrait à lui, il m’a décrit le reflet de sa sœur cadette, celui de sa mère, de son père et de son frère. Tous, lui compris, semblaient heureux, d’après ses dires. Et son nez était droit. J’ai clairement discerné la tristesse qui embuait ses yeux bleus et, quand il m’a demandé si, à mon tour, je désirais découvrir mon reflet, j’ai poliment décliné son offre. A sa commande, j’ai ensuite recouvert le miroir d’un drap opaque et nous l’avons déplacé dans une salle abandonnée, dans l’attente d’échafauder la protection de la Pierre.
Je m’interroge encore aujourd’hui sur ce que j’aurais pu voir dans cet objet dont l’admiration a rendu fous nombres de sorciers. J’aime à imaginer que j’y retrouverais toute ma famille, heureuse. Peut-être y reverrais-je mon cher époux… et peut-être serions-nous entourés de nos propres enfants ? Ou peut-être que Douglas se présenterait à moi, aussi beau qu’il l’était, durant ce merveilleux coucher de soleil, le jour où il m’a demandée en mariage.
Non. Je suis certaine d’avoir pris la bonne décision en refusant de m’y dévisager.
Si tu étais Ministre de la Magie
J’en sais assez du fonctionnement du Ministère de la Magie Britannique pour savoir qu’y exercer ne me comblerait nullement. J’y ai travaillé durant les premières années qui ont suivies l’obtention de mes ASPICs, et la vie londonienne s’est rapidement avérée être un calvaire, pour la fille de paysan que je suis. De plus, j’ai beau aimer étudier et lire, classer des dossiers et remplir de la paperasse ne sont pas des tâches dignes de mes talents pour la Magie. Ainsi, j’ai préféré revenir à Poudlard pour y enseigner et j’ai été ravie du poste qu’on m’y a offert, me permettant de m’épanouir pleinement.
Néanmoins, si vraiment je devais me retrouver à la tête du Ministère, j’opérerais plusieurs changements qui me semblent primordiaux. A commencer par le licenciement de cette maudite sous-secréataire Dolores Ombrage. Je ferais détruire Azkaban et bannirais à tout jamais les Détraqueurs. Et tous les anciens Mangemorts finiraient en prison et n’auraient pas le loisir de se mêler aux affaires de notre gouvernement comme c’est le cas aujourd’hui. Bien entendu, mon conseiller le plus avisé serait Albus Dumbledore. Au moins, sur ce point-là, Cornelius Fudge et moi sommes du même avis.
Si tu devais raconter une anecdote importante
Ce soir d’octobre 1981, la nuit où le Mage Noir a été anéanti par un innocent bébé. Alors que la communauté magique du monde entier se réunissait pour célébrer sa libération de la terreur, j’ai préféré veiller dans une rue austère. Le professeur Dumbledore m’avait communiqué s’être chargé de l’avenir du jeune Harry Potter et, malgré la confiance aveugle que j’accorde encore aujourd’hui à Albus, je n’ai pas pu m’empêcher de m’inquiéter pour le petit garçon.
J’avais enseigné à ses deux parents et m’étais prise d’affection pour eux, tous deux élèves de ma Maison. L’annonce de leurs décès a été un véritable choc pour moi, comme pour de nombreuses personnes qui ont eu la chance de les côtoyer. Entre membres actifs de l’Ordre du Phénix, nous nous étions inévitablement rapprochés, et leur disparition a été d’autant plus dure à accepter.
Alors, en espionnant ces Moldus, apparentés à Lily Potter, la peur avait grandi dans mon cœur, à l’instar de mon chagrin. Pas même les mots rassurants du professeur Dumbledore n’ont su me réconforter, certaine que j’étais alors d’abandonner ce pauvre enfant aux griffes de la pire famille qui m’avait été donné de voir.
Dix années plus tard, un vague sentiment de soulagement avait embué mes yeux en apprenant que le petit Harry Potter se portait bien – autant qu’on aurait pu l’espérer alors qu’il avait grandi avec les Dursley – et serait de retour parmi nous à la rentrée suivante.
Si tu parlais de tes rapports avec les autres
Face aux élèves, je me dois de revêtir l’apparence austère du professeur et de la directrice de Maison stricte – mais juste – que je suis. Toujours propre sur moi, mes cheveux noirs impeccablement tirés en un chignon, mes lunettes devant mes yeux verts, on m’a souvent dit que j’impressionnais, de par ma prestance. Je ne suis pas du genre à me permettre des écarts d’attitude et je ne tolère pas les injustices : je tiens à conserver une ligne de conduite constante et n’avantagerai jamais ma propre Maison, même s’il m’en coûte. Les élèves ont également appris à se méfier de l’eau qui dort : je puis garder mon calme très longtemps, mais si on me pousse à bout, on le regrettera bien vite. Fort heureusement pour eux, je n’ai jamais eu à franchir ce cap, mon autorité n’a jamais été défiée.
Quant aux relations que j’entretiens avec le membre du personnel, elles sont plutôt amicales. Je suis d’un naturel plutôt discret, mais je sais me montrer tout à fait charmante, lorsque j’entretiens une discussion avec l’un de mes collègues. Ceux qui m’ont fréquentée lors de mes études jouissent encore de mon amitié la plus sincère, c’est pourquoi l’on me verra fréquemment en compagnie des professeurs Flitwick et Chourave. Albus Dumbledore a été et est toujours mon mentor et l’un de mes plus chers amis.
Cependant, il arrive que certaines personnes s’attirent mes foudres par le simple fait de leur existence ou de leur attitude détestable… Même si la présence du professeur Trelawney m’est à peine supportable, je saurai toujours me montrer polie avec elle. Le professeur Ombrage, quant à elle, en revanche… Je ne puis rien promettre.
Autre chose à ajouter te concernant ?
Peu de gens savent que je suis une Choixpeaufloue : tout comme pour Filius Flitwick, le Choixpeau Magique a longuement hésité, lors de ma répartition, entre me mettre à Gryffondor ou me mettre à Serdaigle. Le professeur Flitwick a finalement été réparti chez les aigles, et moi chez les lions. Cela nous amuse encore aujourd’hui, de nous inventer des vies totalement différentes, autour d’une tasse de thé fumant et d’une assiette de mes fameux petits biscuits.
Savez-vous que j’ai été l’une des meilleures joueuses de Quidditch de mon époque, lors de ma scolarité ? Eh bien, ce talent a failli me coûter la vie, pendant un match de finale de la Coupe qui opposait les Gryffondor à Serpentard. Ces fourbes perfides se sont arrangés pour me faire chuter de mon balai et je nourris, depuis, un appétit de vengeance insatiable. C’est pourquoi j’encourage toujours les nouveaux talents à rejoindre l’équipe des Gryffondor ! La Coupe ne doit pas nous échapper !
Après la mort de Dougal, ayant enfin fait – de nombreuses années après la rupture de nos fiançailles – le deuil de cet amour de jeunesse, j’ai accepté d’épouser mon ancien patron, Elphinstone Urquart. J’ai été mariée durant quelques années très heureuses et ai vécu à Pré-au-Lard en compagnie de mon regretté époux. Celui-ci, mort dans un tragique accident, me manque encore aujourd’hui et j’ai préféré retourner vivre au sein du château. Notre maison était trop empreinte de souvenirs pour que je puisse y rester sans commencer à m’y morfondre.