A la poursuite de mon chat! [Achéron] [TERMINE]

Il y avait des jours avec, et des jours sans. Aujourd’hui était un jour sans! Déjà, ça avait mal commencé avec Papouille, mon chat, qui avait eut la bonne idée de jouer les réveils-matin à coup de dents sur mes orteils. Ensuite, il n’avait rien trouvé de mieux que de faire ses griffes sur mes chaussettes pendant que j’étais sous la douche. La journée de cours avait été ennuyeuse et, en revenant, j’avais constaté que sa principale occupation de la journée avait dû être de chasser et festoyer sur ma couverture qui était maintenant pleine de plumes... entre autres choses.

Une fois mon lit refait, j’avais décidé de m’attaquer à mes (trop) nombreux devoirs. J’avais songé que ce serait plus calme que la salle commune, et nettement moins loin que la bibliothèque dans laquelle on n’avait même pas le droit de soupirer, ce que je faisais abondamment. Pendant que Papouille jouait à me taper les pieds que je balançais au gré de mes réflexions. Je m’étais donc forcée à rester plus ou moins immobile pour qu’il se désintéresse de moi et me laisse travailler. Ca avait fonctionné, jusqu’à ce qu’il s’asseye devant moi et que, d’un coup de patte négligeant, il envoie valser mon encrier qui se renversa sur les deux devoirs que j’avais déjà rédigés et sur moi-même. Il avait de l’encre sur les pattes, j’en avais partout sur mes devoirs et mon lit, dans mes cheveux, sur mes vêtements, et même des taches sur la figure.

« ESPECE DE SALE BÊTE TU VAS ME LE PAYER !! »

C’est donc ainsi qu’après un hurlement qui avait dû s’entendre jusqu’à l’autre bout du château je me mis à courir après mon chat. Je crois que je n’avais jamais couru aussi vite de ma vie et la seule chose à laquelle je faisais attention, c’était Papouille qui était entrain de me distancer. C’est ainsi qu’au détour d’un couloir, je heurtais quelque chose et tombais en arrière.

« Aouch! »

Non seulement j’étais tombée sur le cul, et celui-ci était donc maintenant TRES douloureux, mais en plus j’avais tendu mes mains en arrière pour essayer de me rattraper et m’étais fait encore plus mal. Contrariée, je levais les yeux pour me rendre compte que je n’avais pas heurté quelque chose, mais quelqu’un. Il n’en fallut pas plus pour que mes joues soient aussi rouges que mes cheveux.

« Euh... Je t’ai pas fait trop mal? »

Demandais-je, alors que je me relevais lentement et avec beaucoup, beaucoup de grimaces. Je devais vraiment avoir l’air ridicule, pleine d’encre partout.

Achéron sortait de son dernier court de la journée. Celui-ci était fini depuis un moment mais il avait pris le temps de discuter avec des camarades de classe devant la porte et n'avait pas vraiment vu le temps passer.
Il s'en allait rejoindre sa salle commune en passant par l'extérieur, pour voir s'il ne croisait pas un membre de sa fratrie, quand une boule de… peau de pêche ? Fusa entre ses jambes. Il se retourna pour essayer d'identifier la bête quand soudain son instinct de survie lui hurla : EN POSITION DEFENSIVE ! Il encaissa un choc violent et entendit un bruit de chute et des lamentations.

- Heuuu… Moi ça va. Répondit-il en se massant tout de même le bras. Et toi ? J't'ai pas trop esquintée ?

Jolie fille, cheveux rouge, en uniforme de Poufsouffle taché d'encre. Il ne put réprimer un petit sourire en coin et lui tendit la main pour l'aider à se relever.

- La chose a fui dans cette direction il me semble.

Il pointa du doigt un embranchement un peu plus loin, sans savoir si la jeune fille courrait effectivement après la bête qu'il avait vu surgir juste avant elle.

- Mais je crois qu'elle a de l'avance, je suggère un changement de stratégie. Genre l'appâter avec de la bouffe. Proposa-t-il avant de changer de sujet. Ta bouille me dit quelque chose, on doit avoir des cours en commun… Botanique non ?

Il se frottait le menton en réfléchissant et réalisa soudain que si elle faisait la même chose Meredith s'étalerait généreusement une tâche d'encre sur la joue. Alors il éclata de rire.

- Désolé, j'ai imaginé un truc drôle. Bref moi c'est Achéron, je sais pas si tu me remets.

Lui en tout cas était encore incapable de mettre un prénom sur sa frimousse.

« J’crois que ça va... »

Répondis-je, en saisissant la main que l’on me tendait. Le plupart des douleurs s’effaceraient d’ici une petite demie heure, mais j’allais sans doute garder quelques beaux bleus! L’élève que j’avais percuté m’indiqua la direction dans laquelle était parti mon chat, mais il était déjà hors de ma vue. Un soupir m’échappa et quand il parla de changer de stratégie je me contentais de hausser les épaules.

Ce ne fut que lorsqu’il parla de ma bouille et m’interrogea sur le cours que nous avions en commun qui je fis vraiment attention à qui j’avais en face de moi. Posant mes mains sur mes hanches, je fronçais les sourcils, tâchant de me remémorer son nom. Ca commençait par un A...

« Aaah, oui! Achéron Deathwalker! C’est bien la Botanique qu’on a en commun. Moi c’est Meredith. »

Je lui tendis la main puis, réalisant qu’elle était pleine d’encre, la retirais précipitamment avec un sourire d’excuse.

« Je te serrerais bien la main, mais... Ca serait con que je te foute de l’encre partout. Une personne dégueulasse ça suffit, hein! »

Fis-je avec un petit rire, alors que je me passais une main dans les cheveux. J’avais déjà de l’encre partout, alors bon... Du moment que je n’en étalais pas plus sur mon visage!

« Je suis désolée de t’avoir heurté comme ça. Je courais après mon chat qui vient de foutre trois heures de boulot en l’air... Surtout que je suis certaine que ce petit salopard l’a fait exprès! »

Je voulus me gratter la joue, puis soupirais en voyant mes mains. Et, en désespoir de cause, je décidais de les essuyer sur ma chemise qui était de toute façon déjà foutue. Alors autant pouvoir me gratter!

- Ha non hin ! Pas avec le nom de famille derrière le prénom, ça fait genre trop macabre. Geint Achéron en entendant son patronime. Enchanté Meredith.

Ajouta-t-il en allant lui prendre la main de toute manière.

- Je t'ai aidé à te relever donc bon, main est déjà tâchée. C'est pas grave, mes manches sont relevées.

Il leva les yeux en réfléchissant, fouillant sa mémoire à la recherche de ses cours de sorcellerie domestique mais en vain.

- Nah, je ne me souviens d'aucun sort de lessive instantanée. Ça manque cruellement à notre arsenal je trouve.

Le jeune homme écouta son interlocutrice se plaindre du comportement visiblement provocateur de son chat. Il ne doutait pas du caractère diabolique de ses créatures, ni de leur capacité à créer les pires catastrophe juste sur un coup d'humeur. Non, ce qui le laissait dubitatif c'était que la chose qu'il avait vu courir était clairement de couleur chair, au moins par endroit.

- Ouais, de vrais démons ces bêtes-là. La preuve, ils arrivent à approcher ma sœur cadette sans mourir de froid, c'est un signe.

Et BIM ! Une pour Cocyte. Pourtant il aimait sa sœur sans réserve mais le tacle était tellement facile qu'il n'avait pas pu résister.
Soudain, un croassement strident brisa le silence relatif du couloir. Augure, qui était là depuis le début, posé sur le heaume d'une armure, venait de décider qu'il était grand temps de se faire présenter comme il se doit et s'élança sur l'épaule de son jeune maître.

- Ha, je crois qu'on a un plan C. Je te présente Augure, la corneille familiale… Enfin, le familier de mon père dont j'ai hérité pour de sombres raisons. Je crois qu'il doit me surveiller. Mais bon, puisque tu es là, tu pourrais retrouver le chat de Meredith et le ramener ? Vivant et sain et sauf !

Il avait parlé à l'oiseau comme à un humain et ce dernier semblait étonnamment réceptif. Il se tourna vers la jeune fille et la fixa de ses yeux aux reflets rouges, comme s'il la sondait.

- Alors, tu veux tenter le coup ?

Achéron était toujours aussi souriant et sympathique mais Augure, lui, ressemblait à un inquisiteur se penchant sur un témoin depuis sa chaire.

Oooh! Mais c’est qu’il venait de tacler sa soeur, le vilain! Je ne pus évidemment pas retenir un sourire amusé, quand bien même je ne connaissais pas Cocyte. Enfin, je voyais de qui il s’agissait puisque les Deathwalker ne passaient pas inaperçus, mais je ne lui avait jamais adressé la parole. J’étais donc entrain de songer que la blague contenait un fond de vérité quand un croassement me fit sursauter. Un instant plus tard, un grand oiseau noir se posait sur l’épaule d’Achéron, qui me proposa un plan C.

« Euh… »

Le voir parler à son oiseau comme il parlerait à un être humain, c’était bizarre. Mais le pire, c’était sans doute que la bestiole avait l’air de comprendre ce qu’il lui disait. Et je n’aimais pas la façon dont il me regardait. J’avais l’impression d’être jugée! Par un volatile! Ridicule, et pourtant… Quand Achéron me demanda si je voulais tenter le coup, j’hésitais un instant. Et ce fut finalement l’attitude presque menaçante de l’oiseau qui me décida.

« Non non, c’est pas nécessaire, merci! Papouille finira bien par revenir quand il aura faim ou quand il voudra que je lui donne le bain. »

La corneille ne me lâchant pas des yeux, je commençais à me sentir mal à l’aise. Je décidais donc de me décaler pour me rapprocher de l’autre côté d’Achéron, dans l’espoir que la volaille me lâche des yeux.

« Augure est toujours aussi flippant? J’crois qu’il ne m’aime pas! »

Fis-je, alors que je me retenais de triturer mes cheveux. Non seulement parce que je ne voulais pas paraître nerveuse, face à un piaf c’était ridicule, mais en plus parce qu’ils étaient pleins d’encre et que je ne voulais pas m’en remettre sur les mains. J’y fus néanmoins obligée pour décoller ma chemise de mon décolleté, l’encre commençant à sécher sur ma peau.

« C’pas du gel douche qu’il va me falloir, c’est de la poudre à récurer! »

Râlais-je, en songeant à la corvée que ça serait de retirer toute cette encre que je n’avais pas eut la présence d’esprit de rincer tant qu’elle était fraîche.

Augure produisait toujours son petit effet la première fois qu'il entrait en scène et il devait en être très fier car il ne cessait de peaufiner ses arrivées. Il daigna relâcher son regard et commencer à se lisser les ailes quand Meredith fit le tour d'Achéron. Ce dernier semblait presque déçu de ne pas partir à la chasse à l'animal domestique.

- Ouais c'est sûr, tu peux aussi faire comme ça. C'est l'avantage avec les animaux qui ne chassent pas leur nourriture, ils reviennent. Enfin bon, un chat qui s'appelle Papouille et qui reçoit des bains… Tu m'étonnes qu'il cherche à se venger ! Remarque, même quand ils ont des noms classes et le droit de faire ce qu'ils veulent, ils se vengent aussi. N'est-ce pas Augure ?

Pour toute réponse la corneille lui tira une mèche de cheveux. Il était assurément de bonne humeur car il avait mis mal à l'aise un être humain par sa seule présence. Sans ça, il aurait peut-être donné un coup de bec sur la tempe.

- Mais non t'inquiète pas Mery, il fait toujours ça pour impressionner les inconnus. Il suffit de le caresser dans le sens des plumes pour en faire un tout autre oiseau.

Aussitôt, Augure prit un air de défi, la tête baissée et les ailes légèrement entrouvertes, l'air de dire : essaie pour voir.
Soudain frappé par un souvenir domestique comme il aurait pu l'être par la foudre, le jeune homme claqua des doigts au-dessus de sa tête.

- ça y est, je me rappelle ! Tu laisses poser quelques gouttes de citron sur les tâches d'encre, tu fais chauffer du lait, tu mets le vêtement, ou les mains, dans le lait chaud et tu frottes, ça devrait partir tout seul. C'est un truc de ma mère et on est cinq mouflets, ça doit marcher.

Augure n'avait pas aimé sur surcroit d'agitation et s'en était allé sur le casque d'armure qu'il occupait précédemment, ne se privant pas de croasser pour signaler son mécontentement.

- Ô ça va toi hin ! Tu aurais pu te montrer utile au lieu de faire ton numéro de caïd alors tu l'as bien cherché ! Sermonna Achéron avant de retourner vers Meredith. Au fait, il parlait de quoi ton devoir ? Si ça se trouve c'est un cours où je suis pas mauvais, je pourrais peut-être te donner un coup de main.

Chose suffisamment rare pour mériter d'être signalée, le Gryffondor faisait toujours ses devoirs le plus vite possible. Alors certes, il lui arrivait de les oublier dans son dortoir mais il partait du principe qu'une fois ses tâches accomplies, il pouvait s'adonner à tous ses passe-temps à l'envie sans avoir à culpabiliser.

« C’est un Sphynx, ces chats-là ont besoin de bains! Et en plus il aime l’eau, c’est plus dur de l’en faire sortir que de l’y faire rentrer. »

Répliquais-je aussitôt, un peu vexée, quand Achéron critiqua le nom de mon chat et les bains que je lui donnais. Evidemment, je n’avais rien dit sur mon choix de l’appeler Papouille. J’avais bien conscience que c’était un peu ridicule, mais il était hors de question que je le reconnaisse! C’est alors que le jeune homme me parla de caresser Augure. Pas très convaincue, je haussais un sourcil alors que la corneille semblait me provoquer. Je n’allais pas tenter ma chance!

« Ooh! J’irais demander du lait et du citron en cuisine alors! C’est sûre qu’en étant mère de cinq enfants, elle a dû avoir besoin de trucs efficaces! »

Répondis-je avec un petit rire, avant de sursauter quand Augure décida d’aller se poser ailleurs. Je n’étais pas mécontente qu’il s’éloigne un peu, j’étais bien obligée de me l’avouer! Même si voir cet oiseau de malheur se faire sermonner était une idée qui m’amusait beaucoup, je me retins de rire, craignant sa réaction s’il était susceptible.

« Ah, euh... C’était de l’histoire de la magie! Normalement j’ai encore pas mal de mes idées en tête, mais... C’est vrai qu’éventuellement je ne dirais pas non à un coup de main. Enfin... Après que je me soies changée, de préférence! »

J’eut une petite grimace gênée, et je me passais une main sur la nuque. Je le connaissais à peine et je lui demandais déjà un service! Je n’aimais pas ça. J’avais l’impression d’abuser de lui.

« Ecoute... Si ça te convient, on se retrouve à la bibliothèque dans vingt minutes, et au prochain week-end je te paye un verre? »

J’étais vraiment embêtée, et ça me paraissait être le strict minimum.

Achéron n'était pas un expert en chat alors les Sphynx, vous pensez bien ! Aussi resta-t-il dubitatif mais n'en fit pas la remarque. Et puis, les choses semblaient prendre une tournure inattendue.

- Ouais, ma mère est devenue une fée du logis à force, même si c'était pas forcément son aspiration au départ.

Voilà que la jeune fille lui proposait un rendez-vous à la bibliothèque pour l'aider à refaire son devoir d'histoire de la magie, une matière qu'il aimait bien. Enfin, ce qu'il aimait surtout, c'est qu'il en connaissait aussi certains aspects cachés que son père racontait lors des dîner de famille, au moment du dessert en général.

- Histoire de la magie hin ? La vraie ou l'officielle ? Demanda-t-il en plaisantant, comme "s'il savait". Pas de problème, je vais profiter des vingt minutes pour me mettre à l'aise. L'uniforme c'est classe mais pas super confortable. J'ai pas autant la bougeotte que mon frère mais bon.

Il desserrait déjà son nœud de cravate en parlant, visiblement impatient. Il fallait dire qu'Achéron était du genre à respirer à plein poumons et à faire de grands gestes, en conséquence il n'aimait pas se sentir étranglé.

- Hé bien, à toute à l'heure mon petit poulet !

Il fit une petite révérence volontairement maladroite et s'en alla vers sa salle commune et son dortoir.
Comme à son habitude, il flatta la grosse dame pour passer un peu plus vite. Il traversa la salle chaleureuse en ne faisant que quelques signes de la main à ses connaissances avant de se planter devant son armoire. Il sélectionna un T-shirt à manches longues blanc avec un motif rock sur la poitrine qui lui donnait des faux airs de L dans Death note (quoi qu'il ne connaisse pas lui-même la référence) et troqua les mocassins réglementaires contre des chaussures plus confortables.
En redescendant il croisa les jumeaux Weasley qui l'interpelèrent :

- Wouho Ach', tu es sur un coup toi !
- Meuh non les gars.

Ils ne se connaissaient pas plus que ça, tout juste bon camarades mais il était de notoriété publique que les jumeaux Weasley savaient tout sur tout ou peu s'en faut. Il n'y avait donc rien de surprenant à ce qu'ils connaissent les habitudes de leur camarade.
Sur le chemin de la bibliothèque, il prit un instant pour réfléchir. C'était un endroit tranquille, plein de recoins sombres et discrets… Non… Non, ça ne pouvait pas être ça ! Il était influencé en mal par les histoires de sa grande sœur qui avait effectivement cédé au plaisir de la chair entre les rayonnages. Il savait qu'il avait son petit charme mais quand même. Il pensa qu'il ferait mieux de se remémorer ses cours en marchant plutôt que de penser à des bêtises. Et puis pourquoi pas ? Meredith était mignonne dans son genre et s'il ne lui fallait pas plus qu'une belle gueule… Tant que tout était clair au départ.
Mais bien sûr que non, ou bien oui, ou pas, quoi que, débile, envisageable, pas raisonnable… Autant dire que les révisions rapides n'avancèrent pas d'un pouce.

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