Franchement, tu as toujours eut le chic pour te mettre dans des situations pas possibles. Tu as un palmarès impressionnant de blessures gênantes, une bonne centaine d'histoire ridicules dans lesquelles tu as pu te fourrer ainsi qu'une liste de personne à qui tu ne dois plus adresser parole à la suite d'un incident légèrement douteux. En somme, tout cela prouve bien que tu n'as aucun talent pour faire les bons choix dans ta vie et éviter les catastrophes. D'ailleurs, tu pourrais presque être récompensé pour ça,  parce que, sérieusement, tu décroches la palme d'or à ce niveau là. Mais la pire décision que tu as dû prendre, c'est surement celle d'accepter de suivre des cours de balais volant avec cette folle d'America. Ça, c'est carrément un mauvais choix. Quand on connait la catastrophe volante que tu es une fois tes fesses posées sur ce genre de transport à grande vitesse, on se rend franchement compte de l'étendu de ta bêtise pour tout ce qui touche aux responsabilités. D'ailleurs, j'espère que t'en à une bonne, de responsabilité civile, et que ça marche chez les sorciers, parce qu'il te faudra au moins ça suite aux hypothétiques dégâts que tu vas causer.

Bref, c'est franchement sans grande conviction en une potentiel progression que tu attendes ta camarade, plus crevé après cette journée de cours que véritablement motivé. En plus de ça, la chaleur est écrasante, ce malgré la verdure qui t'entoure et le lac à proximité. D'ailleurs, si tu pouvais te jeter à l'eau, tu y serais allé sans aucune hésitation. Mais bon, à Poudlard, tu te méfies un peu de ce qui peut trainer dans l'eau, parce qu'à ton avis, il n'y a pas que des truites là-dedans.

- putaaiiiinnnn …

Tu souffles avant de te laisser complétement tomber d'ans l'herbe, ta chevelure brune se mêlant au vert. Ça doit faire, quoi, dix minutes que tu attends ? En tout cas, toujours pas de petite brune en vue – enfin si, mais pas celle que tu cherches. À croire qu'elle le fait exprès. Le pire c'est que ça ne t'étonnerait même pas. Enfin, tu te consoles en te disant qu'elle a dû aller chercher son balais et que ça doit mettre du temps. En fait, t'en sais rien, tu n'as jamais acheté de Brossdur ou autre gadget du genre, alors forcément, tu ne sais même pas où la moitié des élèves rangent leur balais. Mais visiblement, c'est pas la porte à côté.  De toute façon, au pire, elle t'a oublié, ça t'évitera au moins de te ridiculiser.
Ah, fausse alerte. Des bruits de pas attirent ton attention. On vient vers toi.

- Ah, bah t'en as mis du temps, sérieux.

Tu te redresses, faisant face à cette prof improvisée.

- Tu l'as récupéré des branches du Saule Cogneur ton balais ou quoi ?

Tu souris, creusant deux petites fossettes dans tes joues. T'es pas franchement rancunier, mais si tu peux l'emmerder ne serait-ce qu'un peu, autant en profiter (surtout que dans quelques minutes, c'est elle qui en aura, des raisons de se moquer).

Il fait chaud.
Il fait même, excuse l'expression, foutrement chaud, bordel de merde. C'est pas qu'America n'aime pas la chaleur. Elle l’exècre. Si la chaleur pouvait s'incarner dans un être humain, elle prendrait cet être humain par les cheveux et lui écraserait la face contre une baie vitrée. America, en été, meurt, ou du moins elle en a l'impression. Sa température corporelle élevée, qui en hiver la transforme en radiateur humain pour le plus grand bonheur de son entourage, l'assassine en été aussi sûrement qu'une balle dans la tête.
Et là, en l’occurrence, il fait chaud.

Elle prend donc son temps, autant de temps que possible à descendre les escaliers du château avec son balai, et pour aller chercher un balai de rechange dans les vestiaires. L'avantage, c'est que le ciel est dégagé. Y a un peu de vent, ça rend les choses supportables. Elle cherche vaguement Asim du regard, avant de le trouver, écrasé comme un pancake sur l'herbe verte du parc. Déjà fatigué. Déjà mort. Ça donne à la serpentarde l'envie terrible de le secouer partout. Et il a le culot de sortir quelques remarques moqueuses.

« Eh, ta gueule », elle dit faute d'avoir autre chose à dire. »

Elle se plante sur ses pieds et le toise, chose rendue plus facile par le fait qu'elle soit debout et qu'il soit affalé par terre. On fait ce qu'on peut.

« Estime toi heureux que j'aie du temps à perdre avec un mec aussi naze que toi sur un balai. »

Pas d'équilibre, pas de réflexes, pas de coordination entre le cerveau et le reste du corps, c'est son pronostic quand aux problèmes que rencontre Asim. Il lui pose plus de difficultés en une seule séance qu'elle n'en a jamais eu en cinq ans de Quidditch, et elle ne se lasse pas de lui répéter à chaque fois, saupoudrant copieusement le tout d'insultes braillardes. Dans tout cas elle oublie de mentionner que c'était elle qui à chaque fois venait le traîner sur le terrain. Avec l'espoir infime qu'il apparaisse un jour comme le joueur du siècle.
La vérité c'est que ça ne la dérange même pas, de voler avec Asim.

Elle lance le balai de rechange à Asim en espérant qu'il le rattrape, et frappe dans ses mains avec entousiasme.

« Allez debout grosse tache. On va commencer par voir si tu arrives à tenir sur un balai, aujourd'hui. »