Hippolyte O. Vuillard
Si tu devais affronter un détraqueur
C'est pas particulièrement que j'aime pas avoir peur, hein, ni me souvenir de c'qu'est pas super joyeux dans les coins d'ma tête. M'enfin, j'dois tout d'même admettre que si j'pouvais éviter ce genre de folie, comme claquer la bise à un Détraqueur qu'a pas graillé d'puis un moment, ben... Ca m'arrangerait sensiblement. Du coup, la technique de base, dans l'sens où j'suis pas encore super au point sur le sortilège du Patronus, j'aurais tendance à dire que c'est la fuite. Pas que j'sois quelqu'un d'une drôle de lâcheté à l'habitude, mais éviter les problème dans l'espoir de survivre un p'tit peu, j'trouve que c'est un mode de vie plutôt sain. Cette opinion n'engage que moi, hein ! J'ai une légère tendance – oui, oui, je le confesse – à tenter de m'éviter une mort lente et douloureuse. Que je trouverais légèrement tristounette, pour tout vous dire. Bref. Imaginons maintenant que par un hasard assez interlope, je me retrouve vraiment face à face avec ces joyeuses bestioles... Je crois que ça se présenterait assez mal pour moi. D'abord, parce que ce s'rait légèrement annonciateur d'une tendre mort certaine. Et je dis non à la mort juvénile. Mais en plus, ça a rien d'la mort la plus classe du monde, avec les feux d'artifice, l'élégance et la gloire éternelle – ce qui tout d'suite sonne quand même un peu mieux... Et pour finir, les souvenirs pas joyeux, ceux sans le moindre soupçon de gaudrioles, comme certains, j'en ai un petit paquet à revendre. Et si j'ai mis un bon paquet d'années à les encrasser, à faire en sorte d'les oublier purement et simplement, c'est franchement pas pour qu'une grosse bébête croûteuse s'fasse bon plaisir en m'les remémorant, voyez ? Puis bon, c'est super perso. Si c'est dans ma tête et rien qu'dans la mienne, c'est quand même pas pour rien. Si j'cherchais un exutoire, c't'un psy, qu'j'irais voir, pas un bon vieux Détraqueur. Bref. Donc l'idée générale, au final, c'est courir vite et loin. Si vous avez plus malin, surtout, hésitez pas.
Si tu devais rencontrer un épouvantard
C'complexe, comme question, j'trouve. Déjà, c'pas comme si j'avais tout un tas de peurs plus con les unes que les autres... Puis en plus, il t'en montre qu'une, c'truc étrange de fond d'placard. Du coup, j'fais comment, moi, pour m'préparer et savoir laquelle ça va être ? Je sais pas... Là, comme ça, j'en ai trois qui me vienne à l'esprit. L'eau, le vide, et les toilettes de cinéma. Pour la dernière, passons, j'imagine mal un épouvantard tenter d'se transformer en... ça. Et puis bon, j'en ai peur rien qu'parce que j'sais qu'j'suis au cinéma, sinon, ça sert à rien. J'suis pas tout à fait absurde non plus.. Pour les deux autres c'est plus tendu. Un grand vide plein d'eau ? Non, j'pense que ce serait l'eau. De l'eau, plein d'eau. Depuis un bon bout d'temps, y'a un truc qui me met mal à l’aise. C’est tout con, mais je supporte très mal l’eau. C’est pas que j'peux pas prendre une douche ou quoiqu'ce soit du genre, non. J'commence à avoir l’habitude alors j'le fais. Mais c’est d'loin le pire moment d'ma journée. J'sais pas trop pourquoi, mais j'pense bien qu'j'vais m'noyer, que j'pourrai bientôt plus respirer ou quoiqu'ce soit du genre. J'me souviens pas d’avoir d'jà pris un bain, une seule fois dans ma vie. Mais pire encore, y'a ces lieux où j'pourrais possiblement pas avoir pied. Rien qu’à l’idée qu'ça soit possible, j’y peux rien mais j'panique. Les rares fois où on est allés à la plage, avec papa et maman, j'restais l'plus loin possible de l’eau, comme si m’avancer d'quelques pas allait irrémédiablement m'pousser à m'jeter dans cette étendue d'mort. Y'a beaucoup d'choses que j'déteste à cause de ça. J'ai jamais participé à une bataille d’eau et les quelques fois où mes camarades ont pu tenter d's’attaquer à moi, ça s’est légèr'ment fini dans la violence. J'suis incapable de boire de l’eau dans un verre trop grand, pi' j'bois jamais à la bouteille. C’est nerveux, mais j'peux pas. D'la même manière, lorsqu’y a une bouteille et une carafe, j'attends qu'quelqu'un m'propose de m'servir pour avoir pas à l'faire moi-même. J'sors pas sans parapluie quand i pleut et j'sèches mes cheveux dès qu'j'sors d'ma douche pour pas les laisser trop longtemps humide. Et puis, j'évite de sortir dans la rue après une grosse averse, pour pas risquer qu’une voiture puisse m'envoyer d'ssus les résidus d’orage qui bouffent encore le sol. J'ai pas souvenir d’être déjà entré dans une piscine. Lorsque j'fais couler d'l’eau, que ce soit du robinet ou sous la douche, j'suis incapable de mettre un fort débit. C’est nerveux. Si jamais ça arrive, j'fais une discrète crise de panique que j'ai un peu appris, avec l'temps, à dissimuler derrière un faux sourire. Cette crainte constante de l’eau m’a légèrement pourri les doigts, car j'vis plus sans déchirer les p'tites peaux qui les entourent. J'me sens peut-être un peu étrange parfois, j'sais qu'c'est assez con mais j’y peux rien, j'maitrises rien. Et dans mes mains, la moiteur qui m’englobe semble toujours présente pour m'rappeler c'que j'souhaiterais bien tout à fait oublier. C’est déraisonné. J'comprends même pas pourquoi, en fait. Mais c’est un bout affreux d'mon p'tit quotidien. Que j'le veuilles ou non, chaque jour, à chaque instant, j'crains un peu d'mourir, un peu plus de mourir noyé. Et p't-être bien qu'j's'rais pas tout à fait capable d'en rire. J'manque un peu de talent pour faire face à mes peurs.
Si tu étais devant le Miroir du Risèd
Un miroir reflétant de mon cœur le désir. Quelle douce idée. Le risque, c'est qu'ça fasse beaucoup à r'fléter pour un si petit miroir. M'enfin, on peut bien tenter, si ça vous fait plaisir. Alors, voyons voir. Outre la paix dans l'monde, l'amour dans l'coeur des bienheureux, et un café au lait, quoi d'beau ? J'pense que mon cœur a une légère tendance à brinqu'baler à gauche, à droite. Du coup, c'est flou. Ouais, l'image de c'qui s'cache dans mon bide, c'est une image salement floue. J'ai des idées. Etrangement, j'ai beau m'battre depuis un p'tit temps pour pas mal de choses qui m'tiennent à cœur, j'ai beau être une fichue idéaliste féministe, à cracher à tout va sur c'qui m'déplait pour rendre les choses plus jolies, j'crois bien qu'très égoïstement, la seule chose que j'verrai dans c'drôle de miroir, c'est mon pépé. Parce que mon pépé, ça fait quelques années maint'nant, qu'il est mort, et on a beau dire c'qu'on veut, on a beau parler d'deuil à faire, ce genre d'chose, j'suis toujours terriblement triste. Et j'ai pas beaucoup d'talent pour dealer avec la tristesse. J'sais chialer, ça y'a pas l'moindre doute, nan, mais pour m'en débarrasser, on m'a jamais donné l'mode d'emploi. Je sais bien qu'j'devrais pas m'plaindre, qu'après tout j'ai eu la chance de l'connaître, pi' qu'j'ai toujours mes parents. Mais mon pépé, c'tait un peu mon héros à moi, quand j'étais môme, et un héros, ça meurt pas, ça meurt jamais. Parfois, dans les sales nuits qui font naître les sales rêves, on vient m'dire qu'il est vivant, qu'ils se sont trompés, qu'c'était pas à mon pépé d'calancher. Et puis j'me réveille, et là, à c'moment là précisément, au moment d'passage entre l'instant où j'y croyais encore, et l'instant où j'réalise, c'est vraiment salement dur. Alors ouais. Moi, dans les bras d'mon pépé. En train d'rire, surement, parce que faut bien l'dire, mon pépé, il était rigolo. Y m'manque un peu. Beaucoup. Et ça, c'est moins rigolo.
Si tu étais Ministre de la Magie
Huhu. Non. Franchement. C'est une vraie question de vraie de vraie ? Je démissionnerais.
Si tu devais raconter une anecdote importante
C'pas vraiment une anecdote, parce que des anecdotes, j'en ai, mais elles sont rien qu'à moi. C'plutôt une habitude bizarre, un truc que j'aime bien faire, quand j'm'ennuie un peu. Plutôt qu'de vagabonder deçà delà, c'qui fait tout d'même ben vite mal aux pieds, j'prends ma jolie machine à écrire qu'pépé m'a offerte quand j'était encore gosse, et j'm'installe quelque part, un peu au hasard. J'mets un p'tit bout de papier à mes pieds, et j'fais des poèmes à qui veut bien en lire. Les gens viennent, ils demandent, et j'écris. C'est pas du grand art, et puis souvent, j'écris en français, donc ils comprennent pas bien, à Poudlard, mais ça occupe. Ca détend un peu, et j'aime bien quand ils sourient. A Paris, j'faisais ça en échange de quelques sous, pour pouvoir m'payer des bonbons en fin d'journée. Ça marchait pas toujours, mais les jours où c'était l'cas, j'avais l'impression que j'pourrais réussir ma vie comme ça. C'est joli la poésie. J'aime bien, quand les choses sont jolis, alors j'peins des nuages avec des mots, et j'attends d'voir c'que ça donne.
Si tu parlais de tes rapports avec les autres
J'ai une légère tendance à osciller entre exubérance et timidité. C't'assez variable, et j'choisis pas vraiment moi-même. Ca dépend des gens, d'mon humeur, d'l'ambiance générale. J'dois être ce genre de personne qui s'entend bien avec tout l'monde pour au final être proche de personne. J'suis proche de moi-même, c'est d'jà beaucoup, j'vais pas m'en plaindre. Concrètement, j'aime les gens. Réellement, tous, dans leur ensemble. J'ai une putain d'foi en chacun, et y'a rien qui saura m'en séparer, rien du tout, parce que c'est c'qui m'permet d'me mettre debout tous les matins. Me dire que c'est p't-être ben aujourd'hui qu'ça va changer quoi. Bon, faut être honnête, ça change pas vraiment. Mais tant qu'on m'laisse y croire, y'a pas d'souci quelconque. Après, y'a aussi les moments où j'range ma délicate naïveté dans la poche intérieure d'mon manteau et où j'me dis qu'il est p't-être temps que d'prendre conscience du monde qu'est autour. Là, c'est plus rude. Parc'que d'un coup – c'est magique ! – les gens d'viennent un tout p'tit peu moins beaux. Ces moments où y m'regardent avec des grands yeux par exemple, parce que les cheveux bleus, parce que la drôle de voix qui va pas avec la gueule, parce que la tendance étrange à parler comme j'ai envie d'parler et pas comme on m'demande de l'faire. Parce que trop de choses, en fait. Dans l'ensemble, j'aime les gens. J'crois qu'au final, c'est leur regard qu'j'aime pas, parce qu'il dit un peu trop toute leur haine puis tout leur mépris et les conneries d'ce genre. Et ça les rend laid, terriblement laid, et moi ça m'fait chialer de laides larmes d'incompréhension. J'sais bien qu'ça fait un peu con, mais c'est juste que j'comprends terriblement pas, en fait. J'ois pas v'nir du même monde, que'qu'chose comme ça. Du coup, c'pas toujours à mourir de rire. On d'vient suspicieux aux yeux des autres, quand on donne un peu trop d'gentillesse. Et puis, ils savent en profiter, alors on voudrait arrêter, et puis non. Parc'qu'être gentil, c'est être gentil. C'pas être gentil lundi et cracher au visage mardi. M'enfin, tant pis. J'crois qu'j'regrette pas trop. On s'habitue. Pi' y'en a toujours quelques uns pour relever le niveau. Pour être moins laids qu'les autres. Juste pour ça, en fait, j'crois bien qu'ça vaut l'coup d'sembler un peut bizarre.
Autre chose à ajouter te concernant ?
→ J'aime d'un amour incommensurable et inconditionné le cinéma français. Plus que tout au monde. Parc'que c'est la vie.
→ J'porte des lentilles, sinon j'me cogne dans les murs.
→ J'ai une légère tendance à oublier les gens autour de moi quand j'écoute de la variété française. Parce que Jacques Brel est plus beau que l'reste du monde.
→ Ma maman est dame-pipi dans un cinéma parisien, donc j'ai vu plein d'films gratuitement étant gosse.
→ J'marche souvent avec la tête penchée sur l'côté. Mais j'sais pas pouquoi.
→ J'tente depuis des années d'faire marcher tout un tas d'objet électronique dans l'enceinte de Poudlard. Sans succès.
→ Ah, aussi, un détail parmi d'autres, j'suis une fille.