Achéron profitait du parc en compagnie de sa cadette Cocyte. Chanceux, après avoir passé du temps avec Davan, à présent retournée à ses affaires, il était tombé sur sa sœur qui avait un peu de temps libre et qui fut ravie de le laisser en disposer. Ils s'étaient installés sous un arbre pour discuter de tout et de rien comme ce n'était possible qu'entre eux. D'ailleurs, à chaque fois que quelqu'un s'approchait trop la jeune fille remettait son masque de glace impénétrable et ne prenait pas la peine de cacher son désir de voir partir l'intrus.

- Halala Cocyte. Se désola Achéron. Il va quand même falloir que tu te sociabilises un peu, c'est pas vivable.
- Je ne les repousse pas à l'aide de sortilèges, c'est bien suffisant. Répondit-elle sur un ton joyeux qui dénotait complètement. Je n'ai besoin que de toi et des nôtres, c'est tout.

"Les nôtres" était le terme qu'elle employait pour parler de leur famille. Paradoxalement, sous ses airs glacials, elle était peut-être la plus dépendante de la fratrie. Une dépendance qui la rendait dangereuse quand elle se sentait isolée.

- Va te trouver un mec avec un comportement pareil !
- Ouvre les yeux sur ce qui est sous ton nez avant de critiquer les autres !

L'élève de Serpentard se leva, calme et digne.

- Je dois y aller grand frère, un devoir pour demain qui ne se fera hélas pas tout seul. Prends soin de toi, cœur de guimauve… Je ne voudrais pas avoir à tuer pour toi.

Elle n'avait pas cillé et avait pris un ton étrangement monocorde. L'humour de Cocyte, si ça en était, était clairement du genre à glacer le sang. Elle s'éloignait déjà.
Le préfet de Gryffondor resta un moment assis dans l'herbe à penser quand quelque chose d'inhabituel attira son attention : c'était quelque chose de petit et jaune qui filait en volant à vive allure à quelques pas au-dessus du sol. L'O.V.N.I., faute d'un meilleur terme, vira dans sa direction et instinctivement il se releva et se mit en position d'interception. D'un bond, il attrapa la petite créature. Il en était à présent sûr car il avait senti des poils ou du duvet dans sa main au moment où elle se refermait.
Mais il n'eut pas le temps d'observer sa prise plus avant car soudain quelqu'un surgit d'un buisson et il dut plonger en arrière pour l'éviter. Visiblement il s'agissait de Bill, un jeune garçon qu'il ne connaissait pas plus que ça : il savait qu'il avait parfois des idées loufoques, beaucoup d'énergie, qu'il était plus âgé qu'il n'en avait l'air et qu'il trainait relativement souvent dans les pattes de Nebuula. Ce dernier point lui laissait donc pensait qu'il ne pouvait de toute façon pas s'agir d'un mauvais bougre.

- Holà jeune homme ! Ça ne va pas de sauter sur un préfet comme ça ? Plaisanta Achéron. Ou alors tu es à la poursuite de ce que je tiens dans ma main… Sans savoir exactement ce que c'est ou si ça risque de me mordre…

Il n'en était plus à un détail de ce genre près.

- Et sinon, ça va ? La vie est belle ?

Pourquoi ne pas en profiter pour faire connaissance ?

Suivant les conseils de Liam, Bill enchanta un long ruban de couleur rose afin de le poursuivre dans le parc. L’enchantement permettait au ruban de changer de trajectoire, augmenter sa vitesse mais aussi de faire des feintes, permettant au jeune blond d’améliorer sa technique et son agilité. Les sourcils froncés – il ne pouvait s’empêcher de le faire, pensant que cela augmenterait sa concentration – il courait dans le parc à la recherche du ruban rose. Il sautait afin d’éviter les petits buissons, montait même dans certains arbres pour repérer le tissu. Mais le ruban, quelque peu vicieux, lui faisait souvent des crasses comme si quelqu’un l’avait l’ensorcelé, au point que Bill se jetait dans le lac pour le récupérer.

Cette fois-ci, Bill se fit avoir par le méchant ruban. Alors qu’il terminait son ultime roulade, il sauta en avant et…

- Oooooh par la barbe d’Ombrage, pardon pardon pardon, s’exclama le petit en portant sa main à la bouche.

Le Préfet de Gryffondor, tranquillement installé, venait de se faire déranger par les acrobaties du jeune Poufsouffle.

- Non, ça ne mord pas, je suis vraiment désolé.

Il fit une grimace et arracha le ruban des mains du garçon.

- Ce n’est rien. C’est juste un ruban enchanté. Pfoulalah, il me rend la vie vraiment difficile ! J’espère que tu ne vas pas m’enlever des points…

Le jeune blondinet avait la facheuse tendance à croire que tous les préfets enlevaient des points pour la moindre raison.  Ah, l’ignorance…

- Mais oui, je pète la forme ! Je cours après depuis environ une heure, continua-t-il en souriant. Enfin, je pense que tu peux le remarquer par ma transpiration.

Il pouffa, étira ses bras en arrière, puis souffla un coup.

- C’est le préfet de Serdaigle qui m’a conseillé cet exercice. Pour l’agilité, la rapidité, tout ça. Et toi, ça va ?